Que veut dire la Chine ?
L’épargne d’un peuple pauvre
source de l’expansion financière d’un pays riche
La Chine
Début 2014, trois opérations réalisées, coup sur coup, par des investisseurs chinois ont défrayé la chronique financière : l’entrée de la société d’Etat chinoise Dongfeng au capital de PSA, le rachat du premier assureur portugais par le groupe Fosun, l’acquisition de Motorola et des serveurs IBM par Lenovo. Ces exemples emblématiques illustrent une évolution majeure de la stratégie internationale de la Chine : elle n’exporte plus seulement des biens manufacturés mais aussi des capitaux. Et parfois quelques intellectuels lorsqu’on voit le sort qu’il est leur réservé ces derniers temps comme à l’époque du grand Timonier.
La privatisation très récente de l’aéroport de Toulouse par un groupe Sino-canadien (au demeurant l’état Français semble peu regardant puisque le groupe chinois est immatriculé dans les paradis fiscaux et s’est associé avec un groupe canadien radié par la banque mondiale pour des faits graves de corruption) confirme que la Chine devient le banquier du monde.
Premier créancier des Etats-Unis, Pékin est en passe de devenir en quelque sorte le banquier du monde, à la fois comme investisseur et comme bailleur de fonds. Investisseur le géant chinois déploie une stratégie d’acquisitions tous azimuts, ressources naturelles, sociétés technologiques, immobilier, cinéma, tourisme, ….
Ce rôle central joué par Pékin dans la réallocation de l’épargne au plan mondial soulève de nombreuses questions. Quels sont les objectifs de la Chine et répondent-ils à une volonté de domination dans des secteurs-clés de l’économie mondiale ? Comment cette expansion financière peut-elle s’expliquer, alors qu’une grande partie de la population reste très pauvre et que le pays ne figure qu’au 101ième rang mondial de l’indice de développement humain ? Faut-il craindre que la première puissance industrielle et commerciale de la planète ne succombe à la tentation hégémonique lorsqu’elle aura ajouté à son palmarès le titre de superpuissance financière ?
2014 n’est pas fini et dans les prochains jours le Club Méditerranée pourrait tomber dans l’escarcelle du groupe Fosun (un groupe, aujourd’hui tentaculaire, dont le siège social est à Shanghai. Groupe relativement récent puisque fondé par 4 amis en 1992 qui ont emprunté 5000 € chacun). Le partenariat avec ce groupe date de 2010 et aujourd’hui la Chine est le deuxième pays au monde pour le Club Méditerranée et sur cette année 2014 c’est plus de 20 000 touristes chinois sur l’ensemble des villages. Les constructions chinoises ne cessent de s’accroître et aujourd’hui la Chine fabrique et consomme plus de la moitié du béton mondial (notez que les cimenteries font partie des principaux producteurs de gaz à effet de serre(- 5% du CO2 au niveau mondial-).
2014 n’est pas fini disais-je un peu plus haut et peut-être verra t-on comme la presse nationale vient de l’évoquer un nouveau partenariat entre le groupe Pierre et Vacances Center Parcs et un groupe Chinois (en l’occurrence probablement le groupe Wanda qui est déjà en affaire avec le groupe Accor). Toujours du béton - Le conglomérat Dalian Wanda Group dont le siège social est à Dalian, sur le golfe de Corée, regroupe des activités liés au tourisme , à l’hôtellerie et au cinéma (N°1 mondial des salles de cinéma : excusez du peu).
Nouveau partenariat, non capitalistique, dit-on à la direction du Groupe PVCP (excusez cette diversion un instant mais le partenariat est de même nature avec le 3C) qui s’inscrit dans un contexte à deux dimensions : accroître le flux touristique entre la Chine et l’Europe et plus particulièrement la France et favoriser l’essor du tourisme domestique en Chine.
A l’image du Club Med, qui avec l’aide du soutien de son actionnaire, s’oriente vers une montée en gamme de ses prestations gageons que le groupe PVCP, avec le concours des Chinois, s’engagera lui aussi dans le développement de ses stations en général et de Cap Estérel en particulier. Le 3C sera à vos côtés pour dessiner cet avenir et « Ensemble » nous y parviendrons.
Elargissons quelques perspectives par élucubration et une autre étape consisterait à privatiser l’aéroport de Nice (c’est dans les cartons de notre ministre socialiste de la banque Rothschild) ainsi des dizaines de milliers de Chinois arriveraient sur notre Hub Européen à Toulouse, feraient pour quelques milliers un saut de puce de Toulouse à Nice, pourraient louer une voiture du groupe PSA et utiliseraient des lunettes connectées et des Thinkpad Lenovo-vous savez le fabricant de la flamme olympique de Pékin 2008- dans les stations de loisirs PVCP de France. Dans quel beau pays sommes-nous ?
Au-delà de ces quelques situations dont on appréhende bien l’intérêt immédiat pour ces quelques dirigeants Français observons cependant que le déplacement du pouvoir financier vers Pékin ne pourra être que progressif mais durant ce long processus l’emprise financière des capitaux chinois sera de plus en plus visible dans de nombreux secteurs de l’économie mondiale. Parallèlement, l’Occident doit s’attendre à des bouleversements géopolitiques d’une ampleur inégalée. Cette ouverture, somme toute récente, semble actuellement plutôt destinée à relever de nouveaux défis économiques du pays et à réduire ses vulnérabilités mais pour l’avenir, la question d’une possible volonté hégémonique restera posée ?
Ne perdez pas de vue que la Chine fut pendant des siècles la civilisation la plus avancée, surpassant le reste du monde dans de nombreux domaines tels que les arts, la médecine ou les sciences. On estime que la Chine a été la première puissance mondiale durant la majeure partie des vingt derniers siècles, de l’Antiquité jusqu’à la révolution industrielle.
La France hier pays des Lumières aujourd’hui quelque peu sous l’abat jour. Ensemble rajoutons des lumens.
André Montialoux
Illustrations extraites d'un reportage réalisé à Chengdu pendant la dernière visite officielle de Jacques Chirac en Chine, 2004 - © Philippe Pons
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Copie d'un article de Guy DUTHEIL paru dans LE MONDE ECONOMIE le 05/12/2014
Bientôt des Center Parcs en Chine
C’est le rush vers la Chine ! Après le Club Med, convoité par le chinois Fosun, c’est au tour d’un autre fleuron de l’industrie française du tourisme, Pierre et Vacances Center Parcs, d’entamer un rapprochement avec l’empire du milieu.
Le groupe hôtelier français, numéro un européen des résidences de loisirs, a annoncé, jeudi 4 décembre, sa volonté de nouer un partenariat avec le groupe chinois Beijing Capital Land (BCL) spécialisé dans l’immobilier.
Pour l’heure, Pierre et Vacances et BCL n’ont encore signé qu’une « lettre d’intention » (un memorandum of understanding). Mais ils ont pour objectif de conclure « un partenariat à long terme pour développer en Chine et en France des sites touristiques inspirés du concept Center Parcs ».
Dans les faits, précise Thierry Hellin, directeur général adjoint de Pierre et Vacances, ce rapprochement est seulement « un partenariat opérationnel et non pas un partenariat capitalistique ».
BCL, qui est un très important promoteur immobilier en Chine, vient chercher l’expertise, le savoir-faire de Pierre et Vacances en matière de construction et de gestion de résidences de tourisme.
Deux projets près de Pékin et de Shanghaï
Ce mouvement est lié à la recommandation des autorités chinoises qui ont fait du tourisme une de leurs priorités nationales.
Propriétaire de dizaines de milliers de mètres carrés de terrains en Chine, BCL veut désormais se lancer dans la construction de « resorts ». Des complexes touristiques destinés principalement à la classe moyenne chinoise.
Pour conclure un tel partenariat, Pierre et Vacances réclamait, au minimum, de son partenaire chinois qu’il s’engage sur la mise en chantier de deux projets de résidences.
Deux sites ont été retenus, l’un à côté de Pékin et l’autre dans la banlieue de Shanghaï. Deux terrains situés à moins d’une heure du centre-ville, précise M. Hellin.
Pierre et Vacances apportera son expertise pour bâtir ces deux premiers complexes hôteliers chinois. Il aura aussi pour charge d’en déterminer le design. Le groupe français sera aussi chargé de gérer les deux résidences.
In fine, indique M. Hellin, Pierre et Vacances « se rémunérera sur l’activité ». BCL de son côté fournira « les terrains et les financements des deux projets », poursuit le dirigeant de Pierre et Vacances.
L’arrivée en Chine du groupe français ne se fera pas via la marque Center Parcs, car elle sonnerait comme le nom d’un parc de stationnement aux oreilles des chinois, précise M. Hellin. Le groupe français souhaite donc développer « une marque spécifique pour la Chine ».
Vente d’une part des résidences à des investisseurs chinois
Outre qu’il s’ouvre toutes grandes les portes de la Chine avec ce partenariat, Pierre & Vacances compte aussi tirer les bénéfices de ce rapprochement sur ses marchés français et européens.
BCL aura pour tâche d’envoyer des milliers de touristes chinois vers les Center Parcs en France et en Europe.
Le groupe hôtelier français compte bien profiter de la puissance financière de son partenaire chinois, et de sa crédibilité de promoteur immobilier pour vendre une part de ses résidences en France à des investisseurs individuels chinois.
L’annonce de ce partenariat survient au lendemain de la présentation des résultats financiers annuels de Pierre & Vacances, qui montrent un retour en forme du groupe hôtelier.
Pour l’exercice 2013-2014, le groupe a divisé sa perte nette par deux à 23,7 millions d’euros. Dans le même temps, le chiffre d’affaires a progressé de 8 % pour s’établir à 1,41 milliard d’euros.
Avec la Chine désormais en point de mire, Martine Balouka, la toute nouvelle directrice générale en charge du pôle tourisme, a trouvé le relais de croissance de son groupe.
- Guy Dutheil / Journaliste au Monde
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